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EXCERPTS
Le gouvernement Charest sonne la fin des places à 5 $ pour tous. Les parents devront puiser davantage dans leur poche pour faire garder leurs rejetons et certains verront la note grimper à 7 $ ou 10 $ par jour selon le scénario retenu.
Le gouvernement vient de dévoiler un document de consultation qui prévoit trois scénarios de financement et trois scénarios de développement pour "assurer la pérennité, l'accessibilité et la qualité des services de garde" au Québec.
Le réseau de places à 5 $ coûtait 290 millions lorsqu'il a été mis en place, en 1997. Il compte désormais 166 000 places, ce qui a fait augmenter la facture à 1,3 milliard et le gouvernement prévoit qu'une fois les 200 000 places du réseau complétées, il lui faudra débourser annuellement 1,7 milliard.
"L'ancien gouvernement Landry avait mentionné que ça ne resterait pas à 5 $ jusqu'à la fin des temps (... ). Probablement que la période électorale a donné un moment de répit à tous sauf que maintenant, nous en sommes au même point que tous les gouvernements devraient l'être à ce moment-ci", a déclaré hier le ministre de l'Emploi, de la Solidarité sociale et de la Famille, Claude Béchard, en présentant le document.
En suivant l'évolution des coûts de système, chaque place payée 5 $ en 1997 vaudrait aujourd'hui 17,85 $, a-t-il ajouté. "On ne parle pas d'augmenter la contribution des parents à 17,85 $, mais il faut aussi prévoir."
L'un des scénarios prévoit faire grimper la contribution parentale de 5 à 7 $ par jour. L'autre tient plutôt compte des coûts de système et fixe la contribution parentale à 20 % de ces coûts ( au lieu des 15 % actuellement ). Le tarif serait donc de 6 $ par jour dès maintenant et une fois le réseau complété, de 7,50 $. Dans les deux cas, les prestataires de l'assurance-emploi ( sécurité du revenu ) ne sont pas touchés par ces mesures.
Le dernier scénario prévoit de faire payer davantage les plus riches. Les familles dont le revenu s'échelonne entre 70 000 $ et 100 000 $ pourraient donc payer jusqu'à 10 $ par jour tandis que les autres continueraient de débourser 5 $.
Des scénarios de développement sont aussi prévus puisqu'il reste quelque 33 700 places à créer. De ce nombre, 18 500 ont déjà été autorisées, pour la plupart dans les centres de la petite enfance en installation et 3000 autres ont été allouées aux garderies privées. Il reste donc 12 200 places à distribuer.
L'un des scénarios prévoit la création de places uniquement dans les centres de la petite enfance en milieu familial. Un autre donne ces places aux garderies privées, avec la possibilité de compléter en milieu familial si cela s'avère nécessaire.
La troisième option est finalement d'allouer 10 000 places aux garderies privées et 2200 dans les haltes-garderies communautaires qui actuellement ne sont pas partie intégrante du réseau et ne reçoivent pas de financement récurrent.
La ministre déléguée à la Famille, Carole Théberge, a aussi profité de l'annonce d'hier pour réitérer que les 3000 places prévues au privé seront disponibles sous peu. "Nous avons annoncé en juin que les 3000 places seraient disponibles et autorisées en septembre et nous sommes en processus présentement pour le faire. Nous suivons notre plan."
Réactions mitigées
L'abolition de l'universalité du 5 $ a suscité de nombreuses réactions hier. "Le gouvernement veut absolument se donner une marge de manoeuvre d'un milliard pour baisser les impôts l'an prochain et on sait qui commence à en faire les frais, ce sont les parents", a lancé le député de Joliette et porte-parole de l'opposition dans les dossiers Famille et Enfance, Jonathan Valois. Un avis partagé par la présidente de l'Association québécoise des centres de la petite enfance du Québec, Hélène Potvin. "Nous avons toujours une difficulté avec le fait de faire assumer aux parents un service qui, à notre sens, devrait être comme l'école, c'est-à-dire qu'une société paie collectivement pour un service nécessaire à tous", a-t-elle déclaré.
Un peu plus satisfaite, l'Association des garderies privées du Québec se réjouit d'être considérée dans les scénarios de développement, mais en voudrait encore davantage. "C'est décevant, on parle seulement des 12 000 places qui ne sont pas encore développées. Nous avions demandé de revoir le développement des CPE ( 18 500 places ) parce que beaucoup de places traînent depuis deux ou trois ans et ne se sont pas réalisées", a dit le président, Sylvain Lévesque.
À la suite du dépôt de son document hier, le gouvernement Charest organise une consultation les 27, 28 et 29 août prochain. Une recommandation finale sur les scénarios à retenir sera ensuite faite au Conseil des ministres en septembre.
Combien coûteront les garderies?
SCÉNARIO 1
La facture augmente également pour tous. Exemple: le prix des services de garde passe à 7$ par jour.
Ce que cela rapporterait: 104 millions
SCÉNARIO 2
La facture varie selon les revenus. Par exemple, les familles dont le revenu est inférieur à 70 000$ par an continuent à payer 5$ par jour. Le coût augmente jusqu'à un maximum de 10$ par jour pour les familles avec un revenu de 100 000$ et plus.
Ce que cela rapporterait: 50 millions
SCÉNARIO 3
La facture suit l'augmentation des coûts globaux des services de garde. Les parents paient une portion pré-établie par exemple 20% de la totalité de ces coûts. Si ce principe était appliqué aujourd'hui, le prix des services de garde passerait immédiatement à 6$ par jour et à 7,50 $ en 2006.
Ce que cela rapporterait: 130 millions
Où seront offertes les nouvelles places?
SCÉNARIO 1
Les 12 200 nouvelles places seront ouvertes dans des garderies en milieu familial, relevant des centres de la petite enfance.
SCÉNARIO 2
Les 12 200 nouvelles places seront créées dans des garderies privées.
SCÉNARIO 3
Les nouvelles places seront partagées entre les halte-garderies communautaires (2 200 places) et les garderies privées (10 000 places).
Coût du programme des services de garde: 1,3 milliard
Coûts prévus lorsque le programme sera complété: 1,7 milliard
Nombre de places disponibles actuellement: 166 300
Objectif poursuivi 200 000 places en l'an 2006
Places autorisées, mais pas encore disponibles: 18 500
Nouvelles places prévues pour septembre: 3 000
Places qui n'ont pas encore été autorisées: 12 200
Les prochaines étapes
Les scénarios seront soumis à une consultation publique les 27, 28 et 29 août.
Recommandations finales soumises au Conseil des ministres en septembre.
-Reprinted from La Presse.