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La pénurie fait bondir certains salaires

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Avez-vous essayé de parler à un hôtelier récemment ? D’avoir les services d’un électricien ? Une place en garderie ? Il faut être patient. Et déterminé.
Author: 
Vailles, Francis
Format: 
Article
Publication Date: 
16 Jul 2021
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EXCERPTS

Même les restos demandent à leurs clients d’être compréhensifs, étant donné la pénurie de personnel. Partout, il manque de main-d’œuvre.

Pour mieux saisir le phénomène, j’ai décortiqué la base de données de Statistique Canada pour obtenir les postes vacants par secteur. Et voir si la pénurie a fait bouger les salaires offerts, entre autres. C’est révélateur.

Par où commencer ? D’abord, par les secteurs qui affichent les plus fortes hausses de postes vacants depuis cinq ans au Québec.

Les services sociaux

Essentiellement, deux grands secteurs sortent du lot : les services sociaux et la construction. Ainsi, 6 des 10 plus fortes hausses concernent des postes dans les services sociaux et la santé. Nul doute que la pandémie a eu des effets, mais tout de même, le vieillissement de la population se fait sentir.

Les trois plus fortes augmentations ? Les postes d’électricien, de travailleuse sociale et de physiothérapeute (1). Globalement, il y avait 24 fois plus de postes vacants pour ces trois emplois qu’en 2016.

Par exemple, au premier trimestre 2016, il y avait 10 postes d’électricien à pourvoir. Cinq ans plus tard, l’industrie en cherchait 465, soit une hausse de 4550 % ! Bond aussi impressionnant chez les physiothérapeutes (2000 %) et les travailleuses sociales (1433 %).

L’effet sur les salaires pour ces trois postes ? Une hausse plus importante que l’inflation, mais pas renversante, comme on aurait pu s’y attendre. Ainsi, les postes affichés pour ces trois groupes offrent des salaires de près de 13 % supérieurs à ceux d’il y a cinq ans, alors que l’inflation a été de 7,8 % sur la période.

Parmi les 15 postes où la rareté a le plus augmenté, c’est celui d’aide familial de maintien à domicile qui offre le salaire moyen le plus bas, à 17,65 $, selon les données de Statistique Canada. Ce salaire a toutefois bondi de 28 % l’an dernier, dans le contexte de la COVID-19, passant de 13,75 $ à 17,65 $ de l’heure.

Et cette semaine, le ministère de la Santé et des Services sociaux a annoncé un financement de 19 millions destinés à bonifier les conditions de travail des préposés d’aide à domicile des entreprises d’économie sociale.

Autre poste faiblement rémunéré dans la liste, celui d’éducatrice à la petite enfance (17,80 $ de l’heure, en moyenne).

Depuis 5 ans, le salaire affiché pour les emplois d’éducatrice a augmenté de 2,7 % par année, en moyenne, soit davantage que l’inflation (1,5 %), mais moins que d’autres postes aussi très demandés, comme ceux de concierge-surintendant d’immeubles (5,3 % par année, en moyenne) et de technicien en génie civil (6,1 % par année).

À n’en pas douter, il y a là un enjeu sérieux à régler pour le gouvernement.

J’ai également séparé les postes vacants de Statistique Canada selon le niveau de salaire. Constat général : selon les données disponibles, il appert que 1 poste vacant sur 5 touche des emplois en bas de 16 $ l’heure – soit près du salaire minimum – et 4 sur 5, bien au-delà.

Ainsi, les postes qui commandent des salaires moyens variant entre 16 $ et 24 $ représentent 45 % des postes vacants et ceux qui dépassent 24 $ représentent 34 %. La sous-représentation des postes faiblement rémunérés est plutôt une bonne nouvelle.

Pour ces emplois peu rémunérés, la pénurie touche essentiellement une dizaine de postes, surtout présents dans le commerce de détail et la restauration. Les serveurs et serveuses au comptoir représentaient le plus gros groupe (il en manquait 7055 au premier trimestre 2021), suivis des vendeurs et vendeuses dans le commerce de détail, des cuisiniers et cuisinières et des caissières.

Signe des temps, le salaire affiché pour pourvoir la dizaine de postes vacants de ce groupe à moins de 16 $ l’heure était 20 % plus élevé en 2021 qu’en 2016, en moyenne. Ce bond est près de trois fois supérieur à l’inflation (7,8 % sur cinq ans).

Cette progression de 20 % est aussi nettement supérieure à celle des principaux postes vacants à plus de 24 $ l’heure (11,5 %) ou ceux offerts entre 16 et 24 $ l’heure (14,2 %).

Les infirmières et les programmeurs

Sans surprise, parmi les postes qui offrent au-delà de 24 $ l’heure, les plus demandés sont les infirmières. Au premier trimestre, il y avait 5455 postes à pourvoir, rien de moins.

Les programmeurs (2970 postes), les professionnelles en communication et marketing (1295 postes) et les vérificateurs comptables (940 postes) étaient aussi très recherchés.

Étonnamment, le salaire offert aux infirmières, à 25,85 $ l’heure, était légèrement plus bas qu’en 2016, selon les données de Statistique Canada. Cette anomalie s’explique probablement par l’effet de composition (type d’infirmière et ancienneté).

En revanche, le salaire offert aux programmeurs a bondi de 23 % depuis cinq ans, soit trois fois la hausse de l’indice des prix à la consommation de 7,8 % sur la période.

L’entretien ménager

Autre observation, cette fois dans le groupe de 16 $ à 24 $ l’heure : la forte demande pour les préposées à l’entretien ménager. Au premier trimestre, il en manquait 1700, à tel point que des organisations publiques et privées (hôtels, tourisme, hôpitaux) s’arrachent les cheveux pour nettoyer leurs locaux. Le salaire offert aux préposées augmente de 2,5 % par année depuis cinq ans, en moyenne, un peu plus que l’inflation annuelle (1,5 %).

1– J’ai comparé seulement les 133 postes où des données suffisantes sont disponibles depuis 5 ans, ce qui couvre les deux tiers de l’univers des postes vacants au premier trimestre 2021.

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