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Des millions perdus à cause du télétravail

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Author: 
Leduc, Louise
Format: 
Article
Publication Date: 
28 Oct 2021
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EXCERPTS

Comme des milliers d’autres parents au Québec, Claudia Iakab, qui travaille à domicile depuis le début de la pandémie, ne confie plus ses enfants au service de garde scolaire. Des centres de services scolaires perdent ainsi des revenus de quelques millions de dollars alors que leur équilibre budgétaire est fragile.

« Avec la COVID-19, je ne suis pas à l’aise de laisser mes enfants au service de garde où les groupes sont plus mélangés qu’en classe, explique Mme Iakab. Lors des journées pédagogiques, je les garde toute la journée à la maison. »

Les services de garde du centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSSMB) ont ainsi perdu le quart de leurs élèves réguliers par rapport à la situation prépandémique, tandis que le centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) en a perdu quelque 11 %.

En 2020-2021, le CSSDM reçoit donc 13,6 millions en moins émanant de ses services de garde, qu’il s’agisse des contributions des parents (8,55 $ par jour) ou des subventions gouvernementales.

En plus d’avoir perdu plus de 4100 élèves réguliers au service de garde par rapport à l’avant-pandémie, le CSSMB a aussi moins d’élèves qui le fréquentent sporadiquement, de même que moins d’enfants inscrits pour le repas du midi.

Selon le ministère de l’Éducation, quelque 22 000 enfants de moins qu’avant l’épidémie de COVID-19 fréquentaient l’an dernier les services de garde scolaires au Québec (les données au 30 septembre 2021 n’ont pas encore été compilées pour l’ensemble de la province).

De l’aide de Québec à venir ?

Roxanne Doucet fait elle aussi partie des parents en télétravail qui ont choisi d’écourter la journée de leurs enfants à l’école. Sitôt la cloche sonnée, à 15 h, elle va chercher son fils en maternelle « Mon mari et moi sommes tous deux en télétravail. On trouve que pour un enfant de la maternelle, les journées en classe sont déjà longues et on est capables d’aménager nos horaires. »

Le grand frère, lui, est allé au service de garde de la maternelle à la sixième année. La pandémie a servi en quelque sorte d’entraînement à la famille, qui a apprivoisé le fait d’avoir un jeune enfant à la maison tout en travaillant.

Annie Bourassa, responsable des relations avec les médias, indique que le CSSMB est en « pourparlers avec le ministère pour un remboursement possible des frais associés à la COVID-19, notamment ceux liés au manque à gagner pour les services de garde ».

Idem du côté du centre de services scolaire de Montréal.

Le ministère de l’Éducation nous a confirmé des mesures de compensation qui nous permettraient d’absorber ces déficits. Les analyses et les impacts sont en cours.

Alain Perron, responsable des relations avec les médias du CSSDM

À la mi-octobre, Jean-François Del Torchio, directeur stratégique au cabinet du ministre de l’Éducation, indiquait plutôt que le gouvernement n’avait pas été interpellé à ce propos par les centres de services scolaires.

Le gouvernement Legault a déjà épongé une partie des déficits des centres de services scolaires quand les écoles ont été complètement fermées au printemps 2020.

Au centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île, la fréquentation du service de garde scolaire se rapproche de ce qu’elle était avant la pandémie. N’empêche, dans certaines écoles, il suffit parfois de quelques enfants en moins pour que le centre perde une technicienne spécialisée que l’on ne peut avoir par exemple qu’en présence de 200 élèves ou plus, indique Valérie Biron, responsable des communications.

Changement de vie pour les enfants

Au-delà des pertes de revenus, Marie-Julie Béliveau, psychologue et professeure en psychologie clinique de l’enfance à l’Université de Montréal, se demande quels sont les impacts pour les enfants.

« Si le parent est à la maison et qu’il estime que ça rend l’horaire de l’enfant moins chargé ou moins stressant, ça peut être bien. »

Mais pour les enfants qui se retrouvent avec moins d’activités encadrées et qui peuvent être davantage laissés à eux-mêmes pendant les heures avant le souper, ce n’est pas un scénario idéal, selon elle.

Mme Béliveau relève que les enfants eux-mêmes peuvent être très peu motivés à aller dans les services de garde qui n’organisent pas nécessairement d’activités, particulièrement en temps de pandémie, alors que les sorties peuvent avoir été annulées.

Quoi qu’il en soit, Mme Béliveau regrette que l’on parle trop peu des services de garde scolaires, « comme si ça ne faisait pas autant partie de la réalité de l’école. Pourtant, les enfants y passent beaucoup d’heures, presque autant qu’en classe ».

Les services de garde scolaires sont offerts généralement de 7 h à 18 h, en plus d’accueillir les enfants en congé lors des journées pédagogiques.

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