EXCERPTS
Mais pourquoi diable se rendre à Québec, se rassembler devant le parlement, oublier les brunches et les fleurs en cette journée habituellement festive ? Parce que je n’en peux plus d’observer un certain déni politicien devant des catastrophes écologiques et sociales. J’en ai marre des belles paroles. Je ne veux plus être rassurée. Je veux de l’action !
Cette année, deux mouvements écologistes et féministes se donnent la main pour préparer une marche qui aura pour thème : « Du pain et des forêts ». Ma place au travail et Mères au front regroupent des milliers de femmes outrées par le sort fait aux jeunes mères en quête d’un service de garde, mais aussi par l’abandon lamentable de trop de dirigeants politiques devant les défis climatiques. Deux questions bien différentes, en apparence, mais si liées quand on y pense bien.
Qu’ont en commun toutes ces femmes ? Une inquiétude voire une détresse palpable devant des défis de plus en plus importants : donner aux mères et aux enfants la possibilité réelle de s’épanouir, les unes au travail et les petits, dans un lieu stimulant et à prix abordable. Puis offrir aux enfants, adultes de demain, un espoir réel de vivre une vie normale, loin de catastrophes de moins en moins naturelles.
En somme, le 8 mai, nous serons nombreuses et nombreux à réclamer plus d’égalité et plus d’espoir pour les femmes, les hommes et leurs enfants ou petits-enfants.
Ces temps-ci, je donne plusieurs conférences et les mêmes questions reviennent à chaque fois : comment espérer ? À qui se fier ? Les adversaires de la justice et de l’égalité sont si puissants – et riches –, comment arriver à protéger la planète ? À permettre aux mères et aux enfants un plein épanouissement ? N’est-il pas trop tard ? Est-ce que ça vaut encore la peine de mettre des enfants au monde ? Ouf !
Malgré mon âge vénérable, j’avoue ne pas avoir de recette toute préparée, comme ces repas prêts à livrer ! Mais deux pistes, peut-être. D’abord, ne pas abdiquer, refuser de se taire, d’accepter notre sort. Prendre la parole, partout !
Puis, ne pas rester seules. Nous sommes bien plus nombreuses qu’il n’y paraît à vouloir un autre monde. Il n’est pas utile de ruminer chacune dans notre coin. Voilà pourquoi je serai à Québec. Jeunes et moins jeunes, nous marcherons ensemble. Pour que le gouvernement du Québec comprenne qu’il doit agir. Et vite !
Car le temps presse. Des milliers de mères ne peuvent travailler et gagner leur vie par manque de services de garde. Qui plus est, les places offertes dans des milieux privés de garde sont souvent hors de prix, ce malgré les compensations gouvernementales.
Comment a-t-on pu en arriver là ? L’autonomie économique des femmes n’est-elle pas un droit fondamental réclamé par les mouvements féministes depuis au moins 60 ans ? La lutte contre la pauvreté et les inégalités n’était-elle pas au cœur du la marche Du pain et des roses en mai 1995 ? En 2022, on accepterait que des milliers de femmes se retrouvent sans emploi par manque de garderies ? Pourquoi ne développe-t-on pas massivement le réseau des centres à la petite enfance ? Le gouvernement actuel, à Québec, se dit pourtant en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes ? Misère !
Le temps presse aussi pour que la protection de l’environnement et le respect de la nature priment les profits de grosses entreprises et de banques milliardaires. C’est de la vie qu’il s’agit ici, de notre vie, de celle surtout de nos enfants.
Nous sommes placés collectivement devant le choix suivant : ou bien nous changeons sérieusement nos orientations économiques, ou bien nous ferons face à un réchauffement de la planète qui rendra la vie insupportable à ces enfants que nous aimons tant.
Nous sommes responsables de la suite du monde. Voilà pourquoi je marcherai le 8 mai, comme en 1995. Heureuse d’être au coude à coude avec tant de femmes allumées, déterminées, courageuses. Aussi avec nos conjoints qui aiment d’amour ces petits de nos vies.