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Futures éducatrices: première hausse des inscriptions au DEC depuis 2014

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Les demandes d’admission à la technique d’éducation à l’enfance sont en hausse dans les cégeps du Québec, une première depuis 2014. Sauf que cette augmentation n’est pas encore généralisée et ne comble que 1 % de l’objectif que s’est fixé le gouvernement
Author: 
Bosse, Olivier
Format: 
Article
Publication Date: 
4 May 2022

EXCERPTS

"Applications for admission to early childhood education techniques are on the rise in Quebec CEGEPs, a first since 2014. Except that this increase is not yet generalized and only meets 1% of the objective that The Legault government has set itself the task of finding 18,000 new educators within five years by several means."

En date du 6 avril, 1019 étudiantes se sont inscrites en vue de la rentrée d’automne. C’est 182 de plus qu’il y a 12 mois, selon les statistiques du ministère québécois de la Famille obtenues par Le Soleil.

Pour la première fois en huit ans, le nombre de demandes d’admission au diplôme d’études collégiales (DEC) en éducation à l’enfance au premier tour d’inscriptions, effectuées avant le 1er mars, s’avère donc supérieur à l’année précédente.

«L’objectif était d’abord et avant tout de renverser la tendance. On voit, cette année, qu’on y est arrivé. Pour la suite des choses, on se donnera des objectifs chiffrés qui vont contribuer à notre objectif global, être capables de recruter 18 000 éducatrices supplémentaires d’ici les quatre prochaines années», a commenté le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, en entrevue lundi.

Heureux de «renverser la vapeur», le ministre y voit la preuve que «les mesures qu’on a annoncées fonctionnent».

Après avoir accordé un rattrapage salarial aux éducatrices actives en décembre, le gouvernement Legault a annoncé en janvier 300 millions $ en mesures de recrutement pour les futures éducatrices, dont des bourses d’études et des formations écourtées.

22 % de plus

Les cégeps et collèges du Québec qui offrent ce programme de trois ans y ont jusqu’ici reçu 1019 demandes d’admission, contre 837 à pareille date l’an dernier. Hausse de 22 %.

Parmi les trois services régionaux d’admission couvrant le Québec, celui du Montréal métropolitain remporte la palme en nombre absolu avec près de 100 étudiantes inscrites de plus, passant de 584 à 682. Mais celui du Saguenay—Lac-Saint-Jean a quand même doublé ses inscriptions, de 33 à 68.

Service régional d’admission du Montréal métropolitain (SRAM)

Régions: Montréal, Estrie, Mauricie, Outaouais, Lanaudière, Laurentides, Montérégie

Inscriptions en 2021: 584

Inscriptions en 2022: 682

Augmentation: 98 de plus, hausse de 17 %

Service régional d’admission au collégial de Québec (SRACQ)

Régions: Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches, Centre-du-Québec, Bas-Saint-Laurent, Gaspésie et Côte-Nord

Inscriptions en 2021: 220

Inscriptions en 2022: 269

Augmentations: 49 de plus, hausse de 22 %

Service régional de l’admission des cégeps du Saguenay—Lac-Saint-Jean (SRASL)

Régions: Saguenay—Lac-Saint-Jean, Charlevoix, Chibougamau et Forestville

Inscriptions en 2021: 33

Inscriptions en 2022: 68

Augmentations: 35 de plus, hausse de 106 %

Lors de l’annonce de son plan pour créer 37 000 nouvelles places en garderie d’ici 2025, en octobre, le ministre Lacombe et son patron, le premier ministre François Legault, affirmaient avoir besoin de 17 800 nouvelles éducatrices d’ici cinq ans, dont 14 000 qualifiées. À ce moment, on évaluait déjà à 2200 le manque à gagner d’éducatrices qualifiées.

«Dans le plan de main-d’œuvre qu’on a présenté, [le diplôme d’études collégiales] n’est pas le moyen principal d’aller chercher des éducateurs et des éducatrices, a indiqué M. Lacombe, lundi. D’autres mesures vont nous permettre d’aller en chercher beaucoup plus dans le contexte qu’on connaît. Par exemple, l’attestation d’études collégiales en alternance travail-études, qui va nous permettre d’aller chercher un bassin beaucoup plus important que les inscriptions de cégep.

«Mais il ne faut pas minimiser la valeur de cette augmentation [des demandes d’admission]. Pour moi, elle est primordiale, parce que ça reste la voie privilégiée pour accéder à la profession. Par compte, dans la situation que l’on connaît, où on veut développer rapidement et où les besoins sont criants, on ne peut pas compter que là-dessus. Même qu’il faut compter en majorité sur d’autres mesures, qui vont bien aussi», a résumé le ministre.

Pas dans tous les cégeps

Enseignante et coordonnatrice du programme d’éducation à l’enfance au collège Lionel-Groulx, à Sainte-Thérèse, sur la Rive-Nord de Montréal, la présidente de l’Association des enseignantes et des enseignants en techniques d’éducation à l’enfance (AEETÉE) confirme que la hausse est loin d’être généralisée dans tous les cégeps qui donnent le cours.

«C’est très, très modeste. Il y a une augmentation, mais pas dans tous les collèges. Dans plusieurs collèges comme le nôtre, on ne voit vraiment pas de changement sur le nombre d’inscriptions», dit Marie Martel.

L’AEETÉE regroupe 267 enseignants de 28 collèges et cégeps à travers le Québec.

«Au cégep Édouard-Montpetit [à Longueuil], dès le premier tour [d’admission], ils avaient des augmentations extraordinaires, alors que nous, c’est resté sensiblement pareil. Je n’en revenais pas à quel point c’était disparate dans les différents collèges! Je pense que ça va dépendre de la publicité qu’ils ont faite à l’intérieur de leur collège», a poursuivi Mme Martel.

Sa principale inquiétude réside dans la valorisation de la profession d’éducatrice. Elle craint que la création d’une formation écourtée produise l’effet inverse.

«Ce qui nécessiterait d’être développé, c’est de percevoir la petite enfance comme une étape importante dans le développement de l’enfant, plutôt que de [juste] se dire que c’est une étape où les parents ont besoin de faire garder un enfant», a-t-elle fait valoir.

Et l’argent n’est pas tout. Dans son cégep, le programme de technique en santé animale, pour un futur salaire similaire, doit refuser des inscriptions. De son côté, en éducation à la petite enfance, sa cohorte actuelle compte une trentaine d’étudiantes, tandis que le département pourrait en accueillir le triple, autour de 90.

«Un premier pas»

Au syndicat de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ), qui regroupe près de 13 000 membres, la présidente se réjouit de voir «qu’il est possible de renverser la tendance catastrophique depuis 2015. C’est un premier pas», a reconnu Valérie Grenon.

«Mais il faut se rappeler que de 2015 à 2021, le nombre de personnes inscrites est passé de 4291 à 2851 en technique d’éducation à l’enfance dans les collèges publics du Québec. De plus, le taux de persévérance scolaire est alarmant : à peine une étudiante sur deux terminera ses études en cinq ans. Même avec les nouvelles inscriptions, il sera impossible de pourvoir tous les postes vacants et de maintenir des ratios de qualité avec du personnel qualifié», affirme Mme Grenon, qui a «l’impression [que le gouvernement] mise seulement sur le court terme».

La technique d’éducation à l’enfance forme pour travailler en garderie, que ce soit en milieu familial ou dans un centre de la petite enfance (CPE), mais aussi en service de garde scolaire ou même pour accompagner un enseignant de maternelle quatre ans en classe.

Les nombres de demandes d’admission mentionnés plus haut comprennent celles des candidates qui n’ont pas les prérequis ou qui font des demandes dans plusieurs programmes. Par exemple, le Service régional d’admission du Montréal métropolitain estime qu’environ 620 seront bel et bien admises sur ses 682 inscrites.

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